samedi 13 septembre 2014

La petite fille dans le placard

Après avoir enfin réussi à trouver du temps pour avancer mes lectures, je reviens avec un livre que je viens à peine de refermer. 
Il s'agit de La petite fille dans le placard de Marie Lincourt parut en décembre 2007 aux éditions Hugo & Compagnie. 

Alors pour tout vous dire, j'avoue que je ne sais absolument pas quoi penser de ce livre, et je pense qu'il est extrêmement difficile de produire une critique objective de ce genre de livres mais je vais tout de même tenter l'exercice. 

[ " Parce qu'elle a attrapé la rougeole et pourrait contaminer son petit frère, Laurence, six ans, est enfermée dans un grand placard avec, pour seule compagnie, son ours en peluche. Les jours s'étirent dans la solitude, au gré des humiliations et des coups. Martyrisées, affamée, Laurence attend, espère, rêve qu'on viendra la délivrer... avant qu'il ne soit trop tard. 
Le récit poignant et pourtant plein de vie d'une enfant oubliée qui ne demande qu'à être aimée." ]

Je pense qu'à la lecture de ce résumé qui constitue la 4e de couverture, vous pouvez imaginer ma difficulté à formuler une critique précise et objective. 
C'est un roman qui semble dissimuler une autobiographie. Les faits sont inspirés de l'enfance de Marie Lincourt et je trouve que ça rend la chose encore plus éprouvante. 
J'ai parfois du mal avec certaines autobio. qui me donnent le sentiments d'être écrites "pour se faire plaindre" (Attention, je n'ai pas dit TOUTES! Je conçois très bien que l'écriture puisse être une façon de se libérer d'un poids!). 
Ici, Marie Lincourt "dissimule" son autobiographie derrière un style romanesque que j'apprécie. 
J'ai aimé aussi cette conséquence du roman qui libère l'auteur(e) de la contrainte de la vérité.  
Elle n'est pas obligée de dire la vérité puisque c'est un roman. Ce genre romanesque lui permet aussi d'avoir un style plus singulier, style dont je parlerai un peu plus bas. 

Mon avis est assez mitigé. Je pense qu'on ne peut pas qualifier ce genre de bouquins de "bons" ou "mauvais" dans la mesure où il serait quand même un peu bizarre d'avoir un big coup de cœur pour une histoire de maltraitance et d'humiliation... vraie qui plus est!
C'est un livre, ni bon ni mauvais, et de toute façon il n'a pas été écrit pour ça. Je pense (et il est probable que je me trompe) que dans ce cas, il a été écrit pour essayer d'éviter qu'une situation similaire se reproduise, pour sensibiliser les gens aux sentiments des enfants. 
Donc évidement, ce livre m'a bouleversé. J'ai eu envie de fermer le livre pour pleurer. Ce n'est pas le livre hyyyper gore qu'on ne peut pas soutenir (bien que certains détails et insultes soient difficiles), mais c'est plutôt l'humilité et la sincérité de l'enfant qui touche. 
J'ai eu envie de pleurer avec elle... d'entrer dans le livre pour donner à cette enfant l'amour qu'elle n'a pas reçu. 
Oui... c'est vraiment cette sincérité qui m'a touché, plus que les mots et détails difficiles. 
Je n'ai pas culpabilisé à la lecture... je pense que je ne suis pas la seule à qui cela arrive: à la lecture d'un livre de ce genre, culpabiliser de le lire en ayant l'impression de cautionner l'acte par la lecture. Et bien là, non. Ce n'est pas du voyeurisme, je pense que l'aspect romanesque y est pour beaucoup, de même que le style, dont je parle tout de suite:


Marie Lincourt a choisi d'écrire son livre à la première personne du singulier. C'est donc la petite fille de 6 ans qui parle, et qui par conséquent, parle comme une petite fille de 6 ans. 
Cette première personne n'est - je pense- pas utilisée afin de signifier qu'il s'agit d'une autobiographie déguisée, mais davantage pour nous faire ressentir les émotions d'une enfant qui n'ose pas parler. 
Dans les cas de maltraitance infantile qui sont des problèmes trop conséquents pour être exprimés par des enfants, nous n'avons en général que la version des adultes, soit ceux qui sont le moins concernés. 
Ici, Marie Lincourt nous livre les pensées d'une fillette naïve, telles qu'elles pourraient être formulés par un si jeune esprit. Une petite fille par exemple qui, ne connaissant pas le sexe, se demande pourquoi elle entend ces cris qui lui font si peur, et surtout pourquoi les adultes ont l'air si heureux d'être battus. 
 
Enfin, c'est un livre qui se lit assez, voire très rapidement. Je l'ai commencé et n'ai pas pu le lâcher avant de l'avoir terminé. Comme si, avec un espoir aussi féroce que celui de Laurence, j'attendais que cet enfer se termine. J'ai dévoré les 165 pages avec, comme cette petite, la rage de vaincre et de s'en sortir... sortir de ce placard, se lever, voir cette lumière qui brûle tellement les yeux et est pourtant si bonne. 


Pour conclure, je recommande ce livre. Cette lecture ne peut faire de mal à personne, et tant mieux si elle fait du bien. Si seulement la lecture d'un seul livre par le monde entier pouvait empêcher ces situations bien trop fréquentes de se répéter...



 La petite fille dans le placard - Marie Lincourt - éditions Hugo et Compagnie - décembre 2007 - 165 pages

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