samedi 4 avril 2015

Eleanor & Park


Bonjour,

J'arrive après la guerre, avec un train de retard et tout ce que vous voulez, mais je voulais prendre mon temps pour bien vous parler de ce livre dont tout le monde a déjà dû entendre parler.
Il s'agit évidemment de Eleanor & Park de Rainbow Rowell.

En fait, il s'agit d'une histoire d'amour comme on en voit beaucoup finallement. et pourtant...

[ Eleanor: "grosse rouquemoutte"... elle est rousse. rejetée. moquée. nouvelle arrivée dans une ville où tout le monde se connait. Mal dans sa peau, un peu ronde. Avec un style un peu spécial, qui ne l'aide franchement pas à passer inaperçue. 

Park: discret. mystérieux. pas hyyyper populaire, mais on le laisse tranquille parce que sa famille habite ici depuis toujours semble-t-il. ignoré mais respecté. asiatique. bizarre. fan de comics et de musique. il trouve la nouvelle bizarre....et elle lui fait un peu pitié. 

Ils se rencontrent dans le bus, s'installent à côté l'un de l'autre, sans se parler. Ils se prêtent des livres (surtout Park en fait..), il lui fait découvrir de la musique. Ils s'attachent mais ne peuvent manifestement pas être ensemble: Les problèmes d'Eleanor sont trop présents et trop lourds à porter. Leur situation peu propice aux grandes histoires d'amour. Et pourtant, ils s'aiment... aussi difficile qu'il soit de l'admettre. ]

Contextualisation faite, nous pouvons maintenant discuter de ce qui fait le livre.
Le premier point fort que j'ai trouvé et qui m'a en fait sauté aux yeux, c'est la longueur des chapitres.
Ils sont très courts, et je trouve cette formule plutôt agréable à lire puisqu'on peut s'arrêter ou commencer un peu n'importe quand sans se dire: "je n'ai pas le temps de lire un chapitre en entier, et j'ai HORREUR de m'arrêter au milieu d'un". Cet aspect pratique ne touchera peut-être pas tout le monde, mais je devais le mentionner.
Pour continuer dans la forme, chaque chapitre alterne entre la vision d'Eleanor et la vision de Park des mêmes evènements, ce qui est plutot interessant.Sans m'étaler plus que ça, je trouve que cette forme d'écriture laisse au lecteur le choix de s'identifier à l'un ou l'autre des personnages, sans prise de parti de l'auteur. On se sent de fait assez libre. 

Parlant de l'écriture, rien de particulier à dire. Le style est simple et assez réaliste par rapport aux caractères, âges et situations des personnages. Le tout est donc plutôt cohérent et accessible à un large public.

En ce qui concerne le contenu, c'est un peu plus compliqué, et un peu moins susceptible de faire l'unanimité.
Il s'agit d'une histoire d'amour, certes, mais qui ne tombe pas dans le cucu / gnan-gnan qui pourrait donner des nausées à certains. Donc à ce niveau là, pas trop d'inquiétudes. 
En revanche, elle nous présente deux adolescent  timides... on peut donc se douter que la relation ne va pas se construire en deux jours. Le rythme est assez lent, la relation d'Eleanor et Park peut parfois donner cette impression de "un pas en avant, trois pas en arrière". Leur histoire évolue assez lentement, et je pense que les personnes peu sensibles à ce genre d'histoires ou tout simplement pressées pourront vite s'ennuyer.

Niveau émotion, je pense qu'il y en a à revendre. Le caractère des personnages inspire d'emblée la sympathie. Ils sont adolescents, timides, gênés et mal dans leur peau, et cela ne manquera pas de rappeller des souvenirs aux lecteurs (adolescents ou plus vieux). Du coup, on s'identifie relativement vite aux personnages (en tout cas ça a été le cas pour moi) ce qui rend l'experience agréable bien que parfois presque gênante. 
Ceux qui sont déjà tombés amoureux adolescents se reconnaitront sûrement.
Comme je l'ai déjà dit, le style est simple, mais parvient tout de même à retranscrire toute la complexité des maux d'ados. La relation entre Eleanor et Park est décrite en détails et avec beaucoup de réalisme, c'est-à-dire loin des romances idéalisées style princesses disney -> la réalité quoi. Rien n'est oublié, pas même les moments de gêne extrême, lorsque les regards se croisent malencontreusement. 

Finallement, je pense que c'est un bon livre détente. J'ai apprécié la simplicité du style, la forme, et surtout le réalisme qui m'a énormément rappellé mon histoire personnelle et l'adolescente que j'ai été (et que je suis encore d'ailleurs).
Ceux qui cherchent de l'action, de la passion et tout ça seront sans doute déçus... encore une fois la faute au réalisme. Ben ouai... dans la vraie vie, à 16-17 ans, ben on est gênés voilà, et on ne sait pas quoi faire de ses mains, ni de son corps en général. Ce n'est donc pas à cet âge-là qu'on va se sauter dessus avec fougue, surtout quand la réputation a son importance et que la fille dont on est amoureux, ben c'est quand même la "grosse rouquemoutte" de l'école.

Lire pour l'émotion, ça fait du bien alors ne vous privez pas, peu importe l'âge. Les ados se retrouveront sans doute dans les personnages, avec un peu de chance se sentiront (enfin) compris, et les adultes se rappelleront des (finallement pas si terribles) souvenirs.



Eleanor & Park - Rainbow Rowell - Pocket Jeunnesse - juin 2014 - 378 pages

samedi 27 septembre 2014

Félin pour l'autre

Et oui c'est encore moi!
Aujourd'hui, je vais vous parler d'un bouquin que l'amoureuse des chats que je suis n'a pas pu ignorer. 
Il s'agit donc de Félin pour l'autre de Scott et Patrick Bousquet parut pour la première fois en février 2011. 
Félin pour l'autre, c'est l'oeuvre d'un collaboration. Collaboration entre Scott et son maître Patrick , qui donne comme résultat un livre plein de tendresse et d'humour félin..


[Scott est un chat comme les autres, à ceci près qu'à la nuit tombée, alors que ses copains préfèrent sortir en boîte ou faire les poubelles, lui choisit de pirater l'ordinateur de son écrivain de maître pour raconter son histoire. Le soir de Noël, un couple découvre un CD Rom sur le bureau avec pour seule indication un "joyeux noël" maladroit. Ils découvrent alors la vie de leur chat, Scott, écrite par lui-même grâce à l'ordinateur de son maître, dont il a appris à se servir en écoutant, mine de rien, les explications du réparateur.

C'est un livre très touchant, même si je m'attendais à un humour un peu plus piquant. 
J'ai beaucoup aimé ma lecture, soit dit en passant très rapide. 
J'ai trouvé très touchant le point de vue naïf de ce chat qui a connu la SPA, l’hôtel, la castration (aïe), la maladie (et donc "l'homme en blouse blanche") et le pull marron... son meilleur ami, sa fiancée 'ante-opératoire', son doudou, son lit, son réconfort... 
Il raconte, comme un cadeau, sa vie de chat à ses maîtres pour qui il éprouve un amour inconditionnel et  une gratitude qu'il peut enfin leur témoigner. 

Amoureuse des chats, j'ai adoré ce livre trop mignon sans être larmoyant ni gnan-gnan. J'avoue qu'à la vue de la 4e de couverture, je m'attendais à un félin beaucoup plus sarcastique, voire ingrat ce qui n'est en fait pas du tout le cas. 

C'est léger, très attendrissant, joli. Voilà. C'est joli. Cet adjectif peu paraître bizarre et je n'ai pas l'habitude de l'employer mais c'est celui qui m'apparaît le plus juste pour cette histoire. 
C'est sincère, vrai, sans chichi. On a réellement l'impression que le chat, avec ses petites pattes, a entreprit d'écrire lui-même ce livre pour expliquer ce qu'un être humain ne peut pas connaître, un chat qui se fait porte-parole de son espèce. 

Pas de contre indication pour ce livre. Le style est simple, le style d'un chat! ;) 
L'histoire est tout à fait sympathique n'est ce pas et ce n'est ni une perte de temps, ni un moment d'ennui. 
L'intérêt littéraire n'est pas transcendant mais on peut admettre que parfois, on aime lire juste pour son plaisir sans chercher à faire bonne impression. Donc non, ce n'est pas de la grande littérature, mais ça nous fait du bien!



Félin pour l'autre - Scott & Patrick Bousquet - édition encre bleue (basse vision) - avril 2014 (dans cette édition) - 150 pages

samedi 20 septembre 2014

Robert des Noms Propres... ou débat "Nothombesque"




Bonjour tout le monde!

Je vais aujourd'hui vous parler pour la première fois (étrangement) d'une auteur(e) que j'affectionne beaucoup, Amélie Nothomb.
Je sais que les avis sont partagés en ce qui concerne son travail, et mon opinion l'est aussi.
J'ai terminé récemment la lecture de Robert de Noms Propres. Ce n'est certes pas son livre le plus récent mais que voulez-vous, il me faut le temps.

Donc bref... J'avais beaucoup entendu parler de ce bouquin il y a quelques années et les échos des lecteurs de mon entourage m'avaient donné envie de me plonger, moi aussi, dans ce dictionnaire un peu spécial. 

[ Plectrude est une jeune enfant née dans des conditions un peu spéciales, puisque sa mère se suicide en HP après avoir tué son père et choisi le nom de l'enfant qu'elle portait. Plectrude est donc recueillie par sa tante Clémence qui l'élève comme sa propre fille, fille à laquelle elle voue une admiration qui ne connaît aucune limite... Élevée dans sa différence splendide, considérée d'avantage comme bizarrerie par le reste du monde, Plectrude est choyée par cette mère aveuglée d'amour. 
Amour malsain qui lui dépose un voile épais sur les yeux et refuse de voir la réalité en face... Plectrude, persuadée d'être une reine... connaît la pression et le malheur dont son victimes de nombreuses souveraines... 
On peut lire en quatrième de couverture "C'est la vie de celle qui me donne la mort". ]

Connaissant les quatrièmes de couverture des livres d'Amélie Nothomb, j'ai tenté de m’efforcer de ne pas en dire trop dans ce résumé. J'espère n'avoir en rien gâché le suspens du livre :)

Cet article sera sans doute court, puisque j'imagine que pas mal de gens se font déjà une idée de ce qu'est le style d'Amélie Nothomb. En ce qui me concerne, j'ai commencé à lire ses livres il y a quelques années et suis rapidement devenue fan de cette écriture atypique. 
Malheureusement, après lecture de ce Robert des Noms Propres , il me semble que je suis désormais un peu lassée de cette plume. Je n'ai pas éprouvé la même excitation qu'à mes premières lectures de l'auteur(e), comme si je n'étais plus du tout surprise par ce style d'écriture que je trouvais à l'époque fantastique car original et pourvu d'une grande facilité à exprimer le laid, le glauque, le tabou. 

Robert des Noms Propres c'est, comme beaucoup des livres d'Amélie Nothomb que j'ai lu, une histoire remplie de personnages que l'on croirait sortis d'un conte et pourtant très humains dans leurs vices. Une histoire qui fait un peu froid dans le dos, des rapports malsains entre les personnages, un style tout aussi spécial sont autant d'ingrédients qui font de Robert des Noms Propres un livre qui, selon moi, ne se démarque pas vraiment des autres livres nés sous la même plume. 

Je pense réellement que je suis simplement lassée d'une auteure que j'adorais pour son style et pour les caractéristiques que je viens d'énoncer. J'ai passé un excellent moment de lecture, comme à chaque fois avec Amélie Nothomb, mais je n'ai eu ni excitation ni coup de foudre, ni même encore du dégoût à la lecture comme ça avait pu être le cas pour Acide Sulfurique, Mercure, Hygiène de l'assassin ou Métaphysique des tubes (ma première lecture de Nothomb). 
J'avais déjà perdu un peu de mon intérêt pour Tuer le Père et Barbe Bleue, mais la lecture de ces livres reste toujours un grand plaisir! Je ne me suis cependant pas précipitée pour acquérir Pétronille, son dernier livre, un peu agacée je crois de ne jamais savoir à quoi m'attendre avec les 4e de couv. plus qu'évasives.  

En tout cas, j'ai passé un excellent moment de lecture, et je recommande ce livre à tous ceux qui aiment Amélie Nothomb, ceux qui ne l'ont jamais lu, mais peut-être pas à ceux qui détestent: vous ne trouverez rien de différent (significativement) de son style et de son imaginaire "habituel". 

Article peu étoffé (pour une fois me direz-vous!) mais je pense avoir à peu près tout dis. 
Bouquin divertissant, dans un style original mais que l'on commence à connaître. :) 
Partagez vos avis : Sur Robert des Noms Propres ou sur n'importe quel livre d'Amélie Nothomb!




Robert des Noms Propres - Amélie Nothomb - Editions Albin Michel - Août 2002 - 180 pages

samedi 13 septembre 2014

La petite fille dans le placard

Après avoir enfin réussi à trouver du temps pour avancer mes lectures, je reviens avec un livre que je viens à peine de refermer. 
Il s'agit de La petite fille dans le placard de Marie Lincourt parut en décembre 2007 aux éditions Hugo & Compagnie. 

Alors pour tout vous dire, j'avoue que je ne sais absolument pas quoi penser de ce livre, et je pense qu'il est extrêmement difficile de produire une critique objective de ce genre de livres mais je vais tout de même tenter l'exercice. 

[ " Parce qu'elle a attrapé la rougeole et pourrait contaminer son petit frère, Laurence, six ans, est enfermée dans un grand placard avec, pour seule compagnie, son ours en peluche. Les jours s'étirent dans la solitude, au gré des humiliations et des coups. Martyrisées, affamée, Laurence attend, espère, rêve qu'on viendra la délivrer... avant qu'il ne soit trop tard. 
Le récit poignant et pourtant plein de vie d'une enfant oubliée qui ne demande qu'à être aimée." ]

Je pense qu'à la lecture de ce résumé qui constitue la 4e de couverture, vous pouvez imaginer ma difficulté à formuler une critique précise et objective. 
C'est un roman qui semble dissimuler une autobiographie. Les faits sont inspirés de l'enfance de Marie Lincourt et je trouve que ça rend la chose encore plus éprouvante. 
J'ai parfois du mal avec certaines autobio. qui me donnent le sentiments d'être écrites "pour se faire plaindre" (Attention, je n'ai pas dit TOUTES! Je conçois très bien que l'écriture puisse être une façon de se libérer d'un poids!). 
Ici, Marie Lincourt "dissimule" son autobiographie derrière un style romanesque que j'apprécie. 
J'ai aimé aussi cette conséquence du roman qui libère l'auteur(e) de la contrainte de la vérité.  
Elle n'est pas obligée de dire la vérité puisque c'est un roman. Ce genre romanesque lui permet aussi d'avoir un style plus singulier, style dont je parlerai un peu plus bas. 

Mon avis est assez mitigé. Je pense qu'on ne peut pas qualifier ce genre de bouquins de "bons" ou "mauvais" dans la mesure où il serait quand même un peu bizarre d'avoir un big coup de cœur pour une histoire de maltraitance et d'humiliation... vraie qui plus est!
C'est un livre, ni bon ni mauvais, et de toute façon il n'a pas été écrit pour ça. Je pense (et il est probable que je me trompe) que dans ce cas, il a été écrit pour essayer d'éviter qu'une situation similaire se reproduise, pour sensibiliser les gens aux sentiments des enfants. 
Donc évidement, ce livre m'a bouleversé. J'ai eu envie de fermer le livre pour pleurer. Ce n'est pas le livre hyyyper gore qu'on ne peut pas soutenir (bien que certains détails et insultes soient difficiles), mais c'est plutôt l'humilité et la sincérité de l'enfant qui touche. 
J'ai eu envie de pleurer avec elle... d'entrer dans le livre pour donner à cette enfant l'amour qu'elle n'a pas reçu. 
Oui... c'est vraiment cette sincérité qui m'a touché, plus que les mots et détails difficiles. 
Je n'ai pas culpabilisé à la lecture... je pense que je ne suis pas la seule à qui cela arrive: à la lecture d'un livre de ce genre, culpabiliser de le lire en ayant l'impression de cautionner l'acte par la lecture. Et bien là, non. Ce n'est pas du voyeurisme, je pense que l'aspect romanesque y est pour beaucoup, de même que le style, dont je parle tout de suite:


Marie Lincourt a choisi d'écrire son livre à la première personne du singulier. C'est donc la petite fille de 6 ans qui parle, et qui par conséquent, parle comme une petite fille de 6 ans. 
Cette première personne n'est - je pense- pas utilisée afin de signifier qu'il s'agit d'une autobiographie déguisée, mais davantage pour nous faire ressentir les émotions d'une enfant qui n'ose pas parler. 
Dans les cas de maltraitance infantile qui sont des problèmes trop conséquents pour être exprimés par des enfants, nous n'avons en général que la version des adultes, soit ceux qui sont le moins concernés. 
Ici, Marie Lincourt nous livre les pensées d'une fillette naïve, telles qu'elles pourraient être formulés par un si jeune esprit. Une petite fille par exemple qui, ne connaissant pas le sexe, se demande pourquoi elle entend ces cris qui lui font si peur, et surtout pourquoi les adultes ont l'air si heureux d'être battus. 
 
Enfin, c'est un livre qui se lit assez, voire très rapidement. Je l'ai commencé et n'ai pas pu le lâcher avant de l'avoir terminé. Comme si, avec un espoir aussi féroce que celui de Laurence, j'attendais que cet enfer se termine. J'ai dévoré les 165 pages avec, comme cette petite, la rage de vaincre et de s'en sortir... sortir de ce placard, se lever, voir cette lumière qui brûle tellement les yeux et est pourtant si bonne. 


Pour conclure, je recommande ce livre. Cette lecture ne peut faire de mal à personne, et tant mieux si elle fait du bien. Si seulement la lecture d'un seul livre par le monde entier pouvait empêcher ces situations bien trop fréquentes de se répéter...



 La petite fille dans le placard - Marie Lincourt - éditions Hugo et Compagnie - décembre 2007 - 165 pages

dimanche 24 août 2014

La sécurité absolue... à quel prix?

Bonjour tout le monde!

Je reprend un rythme à peu près régulier et reviens vers vous aujourd'hui pour vous parler d'un monde dont toutes les mères poules pourraient rêver... du moins tant qu'il ne devient pas réalité.


Je viens de terminer la lecture de Risque Zéro, roman de Pete Hautman publié aux éditions Milan Macadam en 2008.
Alors Risque Zéro, c'est comme une utopie qui tourne...mal.
Comme un immense pied-de-nez à tout ceux qui pensent que tout serait forcément mieux autrement et qui ont toujours leur mot à dire, leur avis sur tout.
Bien que ce soit souvent le cas dans les dystopies, j'ai vu dans ce livre une critique du système américain, tourné en ridicule avec ironie. Je vais m'expliquer, et cela commence comme toujours avec un "bref" résumé:

["Imaginez un monde où tout risque est banni, un monde où le danger n'existe plus, où tout ce qui peut nuire est un délit. Fini le sport, trop dangereux ! Interdites, les passions trop violentes ! Ce monde du risque zéro, c'est celui des États-Sécurisés d'Amérique, en 2074. C'est aussi celui de Bo Masten, 16 ans. Pour lui, ce monde est un cauchemar. Et il décide de résister. Pour être libre. Pour prendre le risque de vivre, tout simplement.." 

Vous l'aurez sûrement compris, Les actuels Etats-Unis se sont transformés en Etats sécurisés, un pays où le danger n'existe pas - en théorie- . Cependant, la sécurité a un coût : plus de sport, plus de marche sans combinaison de sécurité et casque. L'ire est interdite et pour aider la population a respecter la lois, il y a le Levulor... une sorte de drogue anxiolytique prescrite à vie à toutes les personnes sujettes à au moins une crise de colère après l'âge de 10 ans. D'autre part, le cyberspectre Sammy Q. Securité veille à la sécurité des personnes en véhiculant ses messages via informatique: " Gardez les bras le long du corps et les mains dans vos poches. Gesticuler dans des lieux publics peut s'avérer dangereux."
Autre conséquence de ce régime de sécurité extrême où le moindre signe de colère ou agressivité, la moindre négligence et prise de liberté est un crime, la majorité de la population est incarcérée. 
C'est d'ailleurs de cette activité carcérale que dépend l'avenir du pays et le développement de la société de consommation.]

En ce qui me concerne, j'étais un peu partagée avant lecture. Si je suis totalement fan en général des dystopie, c'est un peu moins le cas avec les récits de science fiction. 
Après lecture, je peux dire que j'y ai pris beaucoup de plaisir. Je l'ai lu très rapidement et ne me suis pas ennuyée. 
J'ai trouvé la critique du système des USA plutôt explicite, même si je n'ai sans doute pas suffisamment de connaissances sur ledit système pour vraiment saisir la portée de cette critique. 
Pour faire une pseudo-analyse très sommaire, j'y ai lu une critique du système carcéral en filigrane, mais surtout une critique ironique de la recherche perpétuelle de la sécurité, qui mène à une ablation totale des libertés lorsqu'elle est poussée à l'extrême. 
Critique également du développement de l'informatique qui devient plutôt menaçant lorsqu'il s'agit de faire coïncider informatique et conscience. 
Critique d'un système où, en 2074, l'entreprise Mc Donald contrôle absolument tout, jusqu'aux systèmes carcéraux. 

Pas de gros coup de cœur pour moi, mais néanmoins beaucoup de plaisir à la lecture. Je le recommande à... à peu près tout le monde. Même si vous n'avez - comme moi - pas une grande connaissance du système américain qui vous permettrait de saisir tout l'enjeu du livre, une lecture-plaisir naïve se laisse apprécier. 

En ce qui concerne le style, je ne peux malheureusement pas donner d'avis constructif, étant donné que j'ai lu le livre en traduction française. Comme selon moi il est impossible pour une traduction - aussi excellente soit-elle - de rendre véritablement justice au style original, je ne peux raisonnablement pas donner d'avis basé uniquement sur celle-ci. 
J'ai lu la traduction de Marie Cambolieu, dans un style très accessible. Niveau accessibilité, je suppose qu'une traduction, si elle est correcte et ce devrait être le cas, doit être plutôt fidèle. 

Enfin, petite déception en ce qui concerne la fin du livre que j'ai trouvée plate et sans grand intérêt. Sans spoiler, la fin a, en quelques paragraphes fait retomber mon intérêt et j'ai trouvé ça dommage.  

En bref, livre très agréable à lire. J'espère que la version originale donne un ton encore plus ironique qui pourrait je pense, servir encore la critique. 
N'hésitez pas à le lire et me donner ensuite votre avis sur cette critique de fond dont je ne sais pas trop quoi faire...

Il ne me reste donc plus qu'à vous souhaiter une agréable lecture! ;) 


Risque Zéro - Pete Hautman - éditions Milan (Macadam) - 2008 - 295 pages. 

lundi 18 août 2014

Le magasin des suicides

Bonjour à tous!

Aujourd'hui, on va parler suicide... bon vu comme ça, ça n'a pas l'air fantastique mais en vrai c'est "pas si pire" promis! Et comme j'ai le clavier qui me démange, je ne vais pas me contenter de vous parler bouquins... Je sais que nombreux sont ceux qui, friands d'adaptations cinématographiques, attendent souvent de savoir si tel ou tel film rend justice à l'auteur (et à sa plume) de l'oeuvre originale.


















Le magasin des Suicides  a été publié pour la première fois en 2006 et adapté à l'écran par Patrice Leconte en 2012.

[ Dans un futur sombre et apocalyptique où les gens doivent supporter.. bien plus que de simples giboulées déprimantes, des pluies d'acide sulfurique; l'entreprise familiale des Tuvache prospère...
"Vous avez raté votre vie? Réussissez votre mort!"... drôle de plan marketing! Et pourtant, la petite affaire des Tuvache tourne à plein régime grâce à ce slogan dans l'air du temps, air saturé de larmes et de lamentations. La dépression est devenu le quotidien et la fierté de cette famille atypique. Au magasin des suicides, on trouve tout le nécessaire pour suicider à l'ancienne en perpétuant la tradition du nœud coulant, ou bien de façon plus théâtrale grâce aux idées toujours plus innovantes de Lucrèce la maîtresse de maison. Tout va pour le mieux donc dans cette famille qui se nourrit de la mort des autres, se réjouit de la détresse et se plaît au spectacle des suicidés de la tour d'en face, jusqu'au jour où.... un malheureux Evénement vient troubler la paix du foyer... la naissance d'Allan, le petit dernier qui nourrit un plaisir de vivre et une joie qu'aucun dépressif ne peut enrayer. Optimiste en toute circonstance là où il ne semble n'y avoir que douleur et immondice, le petit Allan donne du fil (et des nœuds coulants) à retordre à ses parents... va-t-il contraindre le magasin des suicides à fermer ses portes à cause de son comportement inacceptable...?]

Si l'on serait tenté de croire au premier abord que ce livre va être totalement atterrant, on ne tarde pas à se ranger du côté de Mishima et Lucrèce et on commence peu à peu, au fil de la lecture, à prendre du plaisir à contempler le malheur des autres.
Je trouve l'idée originale. Il fallait l'inventer quand même ce magasin des suicides!!
Personnellement, j'ai beaucoup aimé le livre, tout autant que le film.
Jean Teulé parvient à faire naître de la légèreté sous sa plume, lorsque celle-ci dessine le tracé de mots tous plus lourds les uns que les autres.
Rire en parlant de suicide, cela est maintenant possible!
Rien de politiquement incorrect puisqu'il est impossible de se méprendre. Ce n'est pas de l'ironie, encore moins de l'humour noir. Tout simplement un conte, une fable amusante qui laisse naître le rire et la joie à sa lecture ou son écoute.
Jean Teulé s'amuse d'un fait réel qu'il pousse à l'extrême, dans un contexte futuriste qui pourtant a des airs vieillots. On ne sait pas trop dans quelle époque se situer... on imagine le futur tout en étant dans une ambiance poussiéreuse de vieux grenier.

En ce qui concerne le film, je l'ai visionné avant de lire le livre. C'est d'ailleurs grâce à l'adaptation de Patrice Leconte que j'ai découvert cette histoire.
Après lecture du texte original, je trouve que le film se prête merveilleusement bien au livre.
Patrice Leconte a choisit le format de l'animation pour une oeuvre qu'il ne s'imaginait pas pouvoir retranscrire en film, et je pense qu'il avait totalement raison!!!
L'animation illustre à la perfection l'humour décalé et l'univers loufoque quoique morbide du Magasin des Suicides. 

J'ai trouvé le film drôle et j'ai passé un très bon moment. Seul bémol que je lui avait attribué à l'époque, les musiques ambiance comédie musicale, qui ont souvent tendance à m'agacer dans les films d'animation. Néanmoins, après avoir lu le livre, je trouve que les chansons qui rythment l'histoire sont tout à fait de circonstance et participent encore une fois à l'humour totalement décalé de ce conte.
Pour ce qui est de la fidélité, rien à redire, si ce n'est qu'à travers les mots de Jean Teulé, je n'avais pas imaginé Lucrèce et Mishima comme ils sont représentés dans le film... sur la question de la représentation physique, je vous laisserai donner votre avis! ;)

Et puis côté accessibilité, rien à redire... très accessible sans être vu et revu. On se laisse porter par la folie de cette fable pour adulte... comme un conte d'horreur tinté d'humour et d'optimisme.

Enfin, pour ceux qui souhaitent se mettre un peu dans l'ambiance de la boutique, rendez-vous ici

Et un petit aperçu, pour le plaisir! ;)



Le Magasin des Suicides - Jean Teulé - éditions Pocket - mars 2008 - ~150 pages - adaptation Patrice Leconte - 2012

mardi 12 août 2014

Un petit coin de paradis

Après une longue absence, je revient pour vous parler d'un roman qui ne se prend pas la tête et ne NOUS prend pas la tête.


Un petit coin de paradis, c'est un roman irlandais de Sharon Owens, publié pour la première fois en 2003.
Je pourrais résumer ce livre en une phrase: "le monde est petit".

[ Penny, mariée à Daniel depuis des années est propriétaire d'un petit salon de thé au coeur de Belfast. Si Penny est plutôt malheureuse, en mal d'enfant dans son vieux salon qu'elle rêve de repeindre.. la vie du couple est rythmée par les allées et venues des clients, friands des pâtisseries de Daniel. 
Il y a Brenda Brown, une jeune artiste fauchée et incomprise qui vient chaque jour pour rédiger ses lettres à son idole: Nicolas Cage; Sadie Smith, trompée par son mari, tente étouffer son chagrin et sa honte avec les délicieux gâteaux à la cerise de Daniel; Clare Fitzgerald qui réapparaît à Belfast après vingt ans, se souvenant d'un amour de jeunesse; Alice et Beatrice Crawley, sœurs jumelles de bonne famille (ou du moins... elles le croyaient) dont la journée est rythmée par leurs quêtes en faveur des bonnes œuvres. 
Il y a aussi Henry et Aurora Blackstaff dont le couple bat de l'aile et bien d'autres... Tous ces gens n'ont en commun que leur fréquentation du salon de thé, et pourtant de nombreux secrets plus ou moins nets semblent les lier. ]

Alors je définirai ce livre comme un roman "à la desperate housewives". Plusieurs histoires et différents personnages qui se croisent, se rencontrent et s'influencent parfois malgré eux. C'est une sorte de "melting pot" de personnalités que tout semble opposer et que pourtant tout rassemble. 
Personnellement, j'ai aimé ce livre... les 387 pages se lisent sans effort, c'est sympa et léger. Un livre détente qui ne délivre pas de grand message ou de leçon particulière.. juste un moment de pure légèreté ou de réconfort... comme un tasse de thé ou une part de gâteau! 

L'écriture est plutôt simple, à la portée de tous sans être déjà vue et revue. Style agréable, original (bien servi par l'histoire) qui ne demande pas de grande concentration pour en saisir le sens. Seule "difficulté", le nombre de personnages et d'histoires entremêlées... Un minimum de concentration (du moins au début) est nécessaire pour s'y retrouver parmi tous ces personnages... tous plus spéciaux les uns que les autres.

C'est un roman qui soulage, assouvit notre curiosité un peu voyeuriste parfois, notre soif de potins. 
En bref, un livre qui réveille la concierge qui sommeille en chacun de nous! ;) 
La (petite) part de mystère dans les histoires respectives de chaque personnage n'est pas désagréable, et amplifie la curiosité.

C'est un livre-tableau... tableau d'une petite ville où tout le monde se connait et où les secrets ne restent pas des secrets bien longtemps.. et ce malgré tous les efforts des personnes concernées.  

Vous pouvez commencer la lecture sans risque. Il faut rentrer dedans pour avoir la motivation de continuer la lecture (motivation qui m'a manqué quelques fois), mais une fois les présentations de chaque personnage faites, l'histoire peu commencer et on n'a plus qu'à se laisser porter par les ragots qui animent Belfast!

Bonne lecture! ;) 


 Un petit coin de paradis (The tea house on Mulberry street) - Sharon Owens - éditions France Loisirs - octobre 2006 - 387 pages