mardi 3 juin 2014

Windows on the world




 Aujourd'hui, on va parler de Frédéric Beigdeber. Vous le connaissez surement, ne serait-ce que pour ses 99 francs, parut en 2000 et adapté à l'écran. Je ne vais pas parler de ce livre que tout le monde connait, vous n'avez pas besoin de moi pour vous faire un avis sur ce que tout le monde a vu/lu ou presque. 
Windows on the world est parut pour la première fois en 2003, puis une nouvelle fois chez Gallimard en 2005 dans une version augmentée par l'auteur. 
Publié deux ans après l'attentat du World Trade Center, il prend comme titre le nom du restaurant de luxe qui était situé au sommet de la Tour Nord. 
Je pense que la meilleure façon d'éclaircir ce livre est encore de vous restituer la 4e de couverture:
"Vous connaissez la fin: tout le monde meurt. Certes, la mort arrive à pas mal de gens, un jour ou l'autre. L'originalité de cette histoire, c'est que tous ses personnages vont mourir en même temps et au même endroit. Est-ce que la mort crée des liens entre les êtres?" 
Le seul moyen de savoir ce qui s'est passé dans le restaurant situé au 107e etage de la tour Nord du World Trade Center, le 11 septembre 2001, entre 8h30 et 10h29, c'est de l'inventer.  
                                                                                                              F.B.

[Il me semble que c'est assez explicite... 
Le roman prend comme personnage principal un homme qui , accompagné de son fils, se rend au Windows on the world le matin du 11 septembre 2001 pour y prendre le petit déjeuner. D'abord tous les deux impressionnés par la vue incroyable et la hauteur à laquelle ils sont perchés, ce petit-déjeuner prend des allures d'étude sociologique pour le père. Alors qu'il observe les gens, il se laisse aller à une réflexion sur la vie, la mort, le lien entre toutes ces personnes qui vivent la même chose, au même moment, et qui pourtant ne connaissent absolument rien les unes des autres. Arrivés à 8h30... ils ne se doutent pas qu'1h59 plus tard, leur vie ne sera plus jamais la même.]

Mon avis sur le livre est assez mitigé... Tout d'abord, j'ai adoré l'écriture de Beigbeder, comme un mélange de discours philosophique, réflexion personnelle, étude des comportements humains, tout cela tinté d'ironie. J'ai aussi été surprise - quoiqu'un peu déstabilisée - par l'audace du choix d'un tel sujet. 
Ma première réaction avant même d'ouvrir le livre à vue de la 4e de couverture a été à peu près celle-ci : "Non mais quel culot d'écrire un truc pareil! Quel manque de respect je ne peux pas lire un truc comme ça." 
Finalement, je me suis quand même décidée à laisser une chance à Fredo et je l'ai lu. 
Je l'ai déjà dit, j'ai trouvé l'écriture très agréable. C'est une écriture simple mais pas "simplette"... facile à comprendre, mais qui donne à réfléchir sur certaines choses et qui demande un minimum d'attention. 
Le narrateur est le personnage... ce qui permet -si j'ose dire- à Beigbeder de se "déresponsabiliser" de ses propos, à la manière de Montesquieu. Les propos tenus ne sont pas les siens, mais celui du personnage... du coup, l'ironie un peu piquante et l'humour noir sont un peu plus faciles à avaler. 
Chaque chapitre correspond à une minute (on commence à 8h30... jusqu'à 10h29).

Je n'arrive pas à avoir d'avis vraiment arrêté sur le livre... peut-être faudrait-il que je le relise pour être plus éclairée! 
L'écriture m'a beaucoup plu, de même que les questions que soulève le livre. 
Cependant, j'ai eu un peu de mal avec l'humour noir sur un sujet comme le 11 septembre et je ne savais pas s'il fallait rire ou pleurer. L'ironie est bien maniée et je sais apprécier cet humour noir.... à faible dose. 
Dernière chose qui m'a plu, la structure de l'avant-dernier chapitre (10h28), mis en page sur deux colonnes, à la façon d'un article de journal. Le narrateur n'est plus le personnage témoin du drame. J'ai vu ce chapitre comme une ultime ironie, la vision que nous, nous avons du drame... celle que nous donnent les journaux. Peut-être que Beigbeder avait raison... "le seul [et le meilleur] moyen de savoir ce qui s'est passé dans le restaurant situé au 107e étage de la tour nord du World Trade Center, le 11 septembre 2001, entre 8h30 et 10h29, c'est de l'inventer." 


Windows on the world - Frédéric Beigbeder - éditions Gallimard collection folio - janvier 2005

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